L’histoire du Musée Ingres
En 1820, la société des sciences, des arts et des belles-lettres de Montauban créa une école gratuite de dessin afin de développer le goût parmi la population ouvrière. Le premier étage fut aménagé en 1821 afin d’accueillir la salle de cours et un « musée » renfermant des moulages en plâtre.
Dès 1827, l’école fut transférée à l’étage supérieur et la salle qu’elle occupait devint en 1828 un musée de peinture, où l’on rassembla quelques toiles appartenant à la Ville. Cette exposition un peu indigente n’était destinée qu’aux élèves dessinateurs.
Le maire, M. de Gironde, voulait néanmoins obtenir un musée digne de ce nom, mais c’est seulement en 1843 qu’un ancien maire, M. Vialètes de Mortarieu, fit don de sa collection de soixante-quatre peintures, dans le but de fournir plus de modèles aux élèves du cours de dessin. Le musée n’était pas encore ouvert au public. Faute de volonté politique, la situation n’évolua guère jusqu’en 1851.
Cette année-là, Ingres, âgé de soixante et onze ans, donna à la Ville une partie de ses collections, copies, travaux d’élèves, vases grecs. C’était pour lui un gage d’amour filial pour sa cité natale et une étape vers sa propre succession. L’idée de savoir qu’après sa mort un musée conserverait une part de son existence ne lui déplaisait pas. La salle Ingres fut inaugurée en 1854.
Vite saturées, les trois salles du musée furent réorganisées par Armand Cambon (1819-1885), peintre montalbanais, cousin et ami intime d’Ingres qui le fit nommer directeur du musée en 1863. Son but fut d’accroître les collections et de consacrer tout le premier étage du palais aux oeuvres d’art.
La mort d’Ingres en janvier 1867 conduisit à l’enrichissement exceptionnel constitué par le fonds d’atelier du Maître, notamment plusieurs milliers de dessins.
L’ancienne chapelle épiscopale devint une salle d’exposition en 1906. Trois ans après, les services municipaux quittaient les lieux, laissant le musée prendre possession de tout l’édifice. Appropriées et réaménagées entre 1921 et 1929, puis de 1946 à 1949, les salles restaient malgré tout dans un état muséographique proche de celui des années 1880. Un remaniement radical, conduit de 1951 à 1958, fit du musée Ingres un établissement moderne selon les conceptions de l’époque, et pourvu d’inventaires jusqu’alors inexistants. Depuis, les salles ont évolué, elles ont changé d’affectation, et parfois de décor.
L’art contemporain a intégré les collections, des achats importants ont étoffé la présentation, de grandes expositions ont eu lieu, des découvertes ont été faites dans les réserves, des publications rédigées par les conservateurs et des colloques organisés par les Amis du musée ont permis de mieux diffuser la connaissance. Mais le musée étouffe dans des murs devenus trop étroits. Pour continuer à vivre et à remplir sa mission, il a besoin d’espace.
Avec le XXIe siècle devrait s’ouvrir une nouvelle ère.